Anima – [Wajdi Mouawad]

Anima fait partie de ces livres dont il est difficile de parler, tant l’intensité littéraire et poétique ébranle son lecteur. Il lui faut du temps pour prendre du recul, comprendre la source de cet ébranlement, la raison du plaisir du texte, démêler les sentiments, faire la part entre ce qu’il lit et comment il le lit. La littérature contemporaine s’aventure rarement sur le terrain du surnaturel et c’est un manque. Wajdi Mouawad prend le risque de la violence des mots, pour essayer de dire quelque chose de la violence du monde. Ce qui au premier abord peut rebuter constitue sans aucun doute la force du roman, sa singularité et sa beauté.

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[Cycle Jérôme Ferrari #2] – Où j’ai laissé mon âme

Où j'ai laissé mon âmeSur la torture, et qui plus est la torture en Algérie, il a été beaucoup écrit, filmé, disserté. Mais jamais avec autant de force littéraire que chez Jérôme Ferrari dans Où j’ai laissé mon âme. Ce 5e roman du lauréat du Goncourt 2012 (pour Le Sermon sur la chute de Rome, non moins magnifique) est sans conteste un chef d’oeuvre littéraire. Malgré le thème, la noirceur qui lui est intrinsèquement attachée et la conception extrêmement désespérée de la nature humaine, l’écriture transcende le tout, pour donner naissance à un de ces moments poétiques et philosophiques qu’on aimerait connaître plus souvent dans la littérature contemporaine. Coup de coeur, incontestablement. Lire la suite

Syngué sabour – [Atiq Rahimi]

syngué sabourLire un Goncourt d’à peine 100 pages : c’est fait ! Petits lecteurs, vous pouvez remercier l’Académie : c’est le moment de crâner, en découvrant ce roman d’Atiq Rahimi. Ce dernier en a également écrit l’adaptation au cinéma. Un auteur polyvalent, donc, qui jongle avec la langue comme avec la caméra.

Syngué sabour, la « pierre de patience » (sous-titre du roman) est cette pierre noire qui aiderait à conjurer les souffrances et éloigner les malheurs du monde, dans la culture perse. Dans le roman d’Atiq Rahimi, « elle », la femme sans nom, fait de son mari entre la vie et la mort sa « syngué sabour ». Le roman, de long monologue, devient une libération de la femme par la parole, un sursaut de pouvoir sur l’homme dominant. Lire la suite

La Musique d’une vie – [Andreï Makine]

La musique d'une vieLittérairement parlant, La Musique d’une vie est un véritable poème, et une ode à la liberté. C’est un roman sur la musique et la vie, comme le titre l’annonce si bien. Entre les deux, la guerre, qui prend le temps d’éteindre un destin, une passion, une jeunesse et une flamme. Ce roman, court et simple, dit pourtant beaucoup. Ce n’est pas un énième livre sur les horreurs de la guerre, c’est un livre sur la force intérieure qui permet de ne pas mourir de ces horreurs. Lire la suite

Certaines n’avaient jamais vu la mer – [Julie Otsuka]

Certaines n'avaient jamais vu la mer

Certaines n’avaient jamais vu la mer, deuxième roman de Julie Otsuka et prix Femina 2012, s’inspire de faits réels : une vague d’immigration japonaise au début du XXe siècle aux Etats-Unis. Ici, c’est l’histoire de femmes qui quittent le Japon pour rejoindre en Amérique l’homme qu’on leur a choisi et qu’elles doivent épouser. Pleines d’illusions, elles espèrent changer de vie, pensent être promises à de riches banquiers ou négociants et connaître enfin un mode de vie aisé et occidental. Sur place, elles ne connaîtront que la déception : leurs maris ne sont ni riches, ni beaux ni grands, ni n’habitent dans des villas somptueuses ; ils sont de simples fermiers vivant à la campagne, ou des domestiques. C’est leur histoire que Julie Otsuka nous raconte, dans un équilibre réussi entre fiction et histoire. Lire la suite

Le journal d’Anne Frank // Théâtre Rive Gauche

Anne Frank

Peu de textes sont plus célèbres au monde que le Journal d’Anne Frank. Publié aux Pays-Bas en 1947, il est aujourd’hui édité et traduit dans plus de trente pays et diffusé à plusieurs millions d’exemplaires. Eric-Emmanuel Schmidt a écrit une pièce de théâtre à partir de l’histoire d’Anne et de sa famille, mise en scène par Steve Suissa au Théâtre Rive Gauche, à Paris, et interprétée par Roxane Duran (la jeune actrice du « Ruban blanc » de Michael Haneke) et Francis Huster. Le succès de la pièce est grandement mérité : mise en scène, écriture, décor, jeu des comédiens, la pièce parvient à restituer l’esprit de « l’oeuvre », le contexte, et ne manque pas de surprendre également… « Courez-y ! », comme vous l’ordonne le Figaroscope sur l’affiche ! Lire la suite